agriculture: les raisons de la colère
quand on se fait agriculteur, c' est d' abord pour la dignité de remplir correctement les assièttes de ses contemporains
d' abord, les 64 millions d' assiettes de français, puis d' aider ses collègues de pays européens surpeuplés à remplir ce devoir (80% des exportations)
et, ensuites celles d' un maghreb en grande expansion démographique, mais manquant de terres productives ( 15% des exportations)
et ensuite, pour participer à la foire des excédents subventionnés, à reculons ( 5%)
n' y arrivant pas, l' europe a mis en oeuvre un mécanisme de soutien pour doper la production, cependant que feu edgard Pisani décidant de convertir au productivisme à coups de pieds au cul la France ( loi d' orientation de 1962), d' où
-des aides à l' hectare pour les céréaliers
-des aides au litre pour les producteurs laitiers, accompagnées d' un quota attaché à la terre
qui sont devenus des aides à l' hectare de terres à subvention, et des droits à élever attachés à la terre laitière
donc, des terrres à subvention, des terres sans subvention, des terres à quota, des terres sans quota
d' où des fonds de commerce s' ajoutant à l' indemnité illégale de reprise de la terre (droit de chapeau), mais que tout le monde pratique ( 20 000 euros l' hectare dans la pévèle); bonjour l' accés des jeunes au foncier!!
puis l' europe a découplé les aides aux céréales; ça veut dire qu' un céréalier continue de percevoir l' aide sur sa terre s' il fait autre chose que des céréales
sauf que, chargée de le gérer sur son territoire, la France les a recouplées; la monoculture y continue donc ( il faut bien gaver les cochons bretons)
et voilà que nos maraichers, lesquels n' on jamais rien reçu de Bruxelles, voient arriver une production d' agriculteurs subventionnés à l' étranger ( reconversion céréalière)
ajoutons que la France, craignant la tribunalite ministérielle, a interdit les 3/4 des pesticides autorisés dans les pays voisins, mais sans pouvoir (marché unique oblige) interdire l' importation des légumes ainsi traités
on comprend mieux un mouvement de colère de nos maraichers!!!
surtout quand l' ampleur et le succés des légumes moches profite également et surtout à nos voisins ( faute de concertation, les notres les avaient mis au compost avant l' opération)
quant aux herbagers, aprés avoir payé au prix fort des terres à quotas pour pouvoir traire voient le prix du lait s' effondrer et celui des céréales (sur terres subventionnées) s' envoler... et les quotas (donc le chapeau) partir en fumée
vous me direz qu' ils pourraient sortir une charrue et produire leur mais....ce serait trop simple!!!
pratiquement toutes les régions ont pris des mesures antipollution agricole, dont l' interdiction de mettre en culture les patures.. privés de mais!
il reste de faire de la viande... mais la consommation s' effondre ( 1/3 en 30 ans), et, aprés avoir espéré le salut des pays musulmans, voilà que l' Australie abandonne le mérinos et charge les bétaillères flottantes de moutons iraniens à queue grasse, cependant que les ranchs brésiliens dépotent en masse les carcasses pour l' industrie de la conserve, et les roumains convertissent en ruminants leur chevaux sauvages...
et que le peu de charcuteries épargnées par la prolifération de la viande confessionnelle sont envahies de porc roumain (pas de limitation d' épandage du lisier)
donc, vive la faillite, et la ferme à 10 000 vaches appartenant à un investisseur non rural (un patron de btp par éxemple)
vous commencez à comprendre que l' agriculture, c' est d' abord une foire d' empoigne sur les subsides avec les gagnants et les couillons, ainsi que la mentalité de tuer père et mère pour les hectares du voisin... avant de se faire bouffer avec la bénédiction de la fnsea ( la fédé dans le jargon)
on dit d' ailleurs que la devise de ce " syndicat" est " au dernier vivant!!!"
j' en sais quelques choses, ayant sévi dans ce domaine (maraichage bio) et hérité de quelques terres en fermage