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le grimoire du chamane
1 octobre 2019

détergents: les ancêtres

une lectrice de Alys Boucher signalait se servir de jaune d' oeuf délayé dans du rhum comme lotion anti chûte de cheveux

cette demoiselle, de fait, n' a rien inventé, car cette recette était utilisée au XIX° siècle par Elisabeth Wittelsbach ( l' impératrice Sissi) comme shampoing, et qu' elle lui réussissait bien

sissi

origine photo: thehistoryblog.com

car, en cette époque, on ne connaissait guère que le savon de potasse et quelques plantes moussantes ( saponaire, lierre, marrons d' inde) comme tensioactifs, et on les utilisait pour tout faire...on faisait souvent la lessive à l' eau de lavage des cendres ( potasse caustique)

puis, peu aprés la guerre de 14-18, on découvrit qu' en mélangeant les acides gras ( savon de Marseille passé à l' acide) avec un mélange concentré d' anhydride sulfureux et d' acide sulfurique ( oleum), on obtenait un sulfate d' alcools gras, lequel, dilué dans l' eau moussait fortement; il fallait bien utiliser la graisse du bétail crevé

puis, utilisant les graisses pétrolières, on obtint par le même procédé d' autres graisses sulfonées dont reste aujourd' hui le 14-16 olefin sulfonate ( fin des années 20)

en ce moment, Unilever créait la lessive Persil: savon, perborate de soude et silicate de soude; ça lavait et blanchissait le linge en empêchant la saleté de s' y redéposer

Eugène Schueller, fondateur entre autres sociétés de Loreal, utilisa donc ces graisses sulfonées pour créer en 1931 le premier shampoing, suivi de la marque Dop, destinée, elle, aux cheveux du peuple, en y ajoutant un peu de guar pour épaissir; argument de vente " ça mousse, donc c'est propre"

on en resta en Europe, fort préoccupée par la glycérine, nécessaire à ses massacres réguliers, donc attachée au savon noir

à la fin des années 30, des chimistes américains, aprés avoir séparé les différents acides gras et les avoir fait revenir à l' état d' alcools gras ( mise en solution avec de l' éthanol chargé de soude caustique) s' aperçurent que l' on pouvait les sulfater par simple estérification, et ont, dans leurs composés, obtenu le lauryl sulfate; merci aux abattoirs de Chicago...naissance des " sulfatés"

lequel dégraissait bien les moteurs...

il fallut une autre guerre mondiale pour imposer dans la lessive ( Tide) ce tensioactif, entretemps passé à la soude par pitié pour la peau des mécaniciens de la US Army: sodium lauryl sulfate

cependant que l' on trouvait d' autres détergents à partir d' ammoniac ( en commençant par le bicarbonate d' ammonium) que l' on réserva aux " nettoie tout", Mr Propre en tête

là, Loreal sauta sur ce SDS ( acronyme du sodium lauryl sulfate) et créa les shampoing " modernes"; il faut dire qu' à la libération, nombre de françaises s' étaient lavé les cheveux avec la lessive Tide, croyant que c' était du shampoing...tel est pris...

cependant que, refusant de payer la dime à Dupont de Nemours, les japonais de Ajinomoto utilisèrent l' acide glutamique de fermentation naturelle en lieu d' acide sulfurique et obtinrent le premier alkyl aminé: le sodium cocoyl glutamate ( 1947);

à noter que ne l' ayant pas au départ neutralisé à la soude, ils avaient créé l' ancêtre du... Cillit Bang ( ce fut un GI qui s' en rendit compte en nettoyant avec la baignoire de sa mère au pays...lol)

alors que les graisses sulfonées sont devenu des produits pour vaisselle

les tentatives d' imposer le sodium lauryl sulfate pour cet usage se heurtant à la délicatesse cutanée des ménagères

jusqu' à ce qu' un chimiste, cherchant à améliorer la sulfonation trouve que l' oxyde d' ethylène se mélange bien au gaz sulfureux et..adoucit le résultat; ce même oxyde d' éthylène facillite l' esterification des alcools gras

appliqué au sodium lauryl sulfate, ça donna le sodium laureth sulfate adopté par les fabricants de liquide vaisselle, puis ceux de nettoie tout: Paic et Dove avec leurs produits " une goutte suffit"...on pouvait alors concentrer !!! ( et leurs études de tolérance cutanée sont des modèles avec des milliers de sujets sur des années); aprés que monsieur Bettencourt ( Loreal) l' eut incorporé dans le shampoing ( années 60)

cependant qu' utilisant le sulfite de soude et l' oxyde d' ethylène, les chimistes développaient les isethionates et autres sulfocinnates ou sulfoacétates; aujourd' hui connus des fabricants bio...( années 50) par des esters d' alkyles doux et efficaces, le sci en tête

ainsi que les tensioactifs amphotères, le cocoamphoacétate en tête, lesquels furent immédiatement utilisés pour adoucir les shampoings, et quelque temps aprés les  sels d'ammonium quaternaire dont on découvrit l' action antistatique, et qui sont devenus les démêlant capillaires aprés avoir adouci le linge, et avant de finir comme actifs chez Fébrèze ( années 60-70)

vous avez compris que tout ce qui nettoie sort des mêmes cuves; simplement, la maison Garnier, en ajoutant un mélange de géloses ( une colle à papier peint) et d' huile a donné l' habitude du gel moussant pour laver les tifs dans les années 50 ( la"moelle" Garnier)

et que l' on créait les " parfums à odeur de propre" pour dissuader la cliente de détourner vers l' hygiène corporelle les produits ménagers vendus 10 fois moins cher !!!!

d' ailleurs, en conférence dans les années 70, un médecin du Nord proclamait que le meilleur shampoing, c' était le...mini Mir ( le dernier nettoie tout aux graisses sulfonées.. et sans parfum de synthèse, lui...lol)

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et surtout pas de sorcier !!!!  ( je n' invoque pas le diable, nom du grand matou !!!)

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